Quartier lointain

Cette pièce de théâtre rend hommage à l'histoire de Jirô Taniguchi dans un univers poétique avec un langage sensible. Quartier lointain fascine. Au Japon comme en Occident, l'œuvre délicate à la ligne claire dispense une subtile émotion qui touche à la surface et l'enfoui, au passé et au présent, à l'attachement, à l'abandon et à la nostalgie.

Publié en 1998, le succès de ce manga a contribué faire connaître et rayonner en France un art ancré dans la culture japonaise. Jirô Taniguchi, invité d'honneur du Festival d'Angoulème 2015, y raconte l'histoire d'Hiroshi homme de 48 ans, projeté dans son enfance avec sa conscience d'homme mûr. Il revit ses 14 ans et ses premiers émois adolescents. Au moment crucial de l'évaporation de son père, ce voyage est l'espace d'une compréhension possible, enjeu de la réconciliation.

Adaptée au cinéma par Sam Garbarski en 2010, l'œuvre est portée la même époque au plateau par le metteur en scène suisse Dorian Rossel. Travaillant le trouble du temps, l'artiste crée un espace scénique reprenant les codes de la bande dessinée sans le dessin, un terrain de l'imaginaire, capable de faire surgir les émotions. Cela passe par un univers à la simplicité évocatrice, sans vidéo, avec clarinette et violon, à l'intérieur duquel s'invente un langage du silence, laissant place la projection du spectateur. Six acteurs sont Hiroshi et ses facettes, déjouant l'illusion de la fiction, jouant avec l'identité plurielle. Sous ses traits délicats et drôles, l'œuvre et sa réflexion philosophique touche tout homme en égrenant ce que le mangaka sait semer : la bienveillance.