Et si on redonnait son sens à la révolution ?

Ludivine Bantigny éclaire l’histoire des révolutions. De la volonté des élites du XIXe siècle d’en finir avec elles aux célébrations commémoratives du XXe siècle, nous avons apprivoisé les révolutions au point qu'elles n'inquiètent plus personne. Alors comment renouer avec la puissance et la promesse imaginatives des processus révolutionnaires ?

Le mot " révolution " se prête désormais à tout. Il sert à vendre des yaourts aussi bien que les idées de campagne. Arrêtons-nous un instant pour y réfléchir : n’y-a-t-il pas là un détournement de ce concept pourtant puissant qui a bouleversé bon nombre de sociétés et en particulier la société française au XVIIIe siècle ?

Ludivine Bantigny nous explique comment les révolutions ont été l'objet d'un intense travail de domestication. Comment les élites du XIXe siècle se sont montrées obsédées d'en finir avec elles, d'en dompter les élans et d'en effacer les traces. Celles du XXe siècle, en les célébrant, en les commémorant avec faste, n'ont pas cessé de les apprivoiser au point qu'elles n'inquiètent plus personne.

En prenant pour exemple les mouvements de lutte contre le capitalisme, comme ceux du Chiapas ou plus récemment le mouvement des gilets jaunes, nous pouvons peut-être y voir la force des espérances, des rencontres et des potentialités que font naître les révolutions. Y a-t-il une possibilité de renouer avec la puissance et la promesse imaginatives des processus révolutionnaires ?

Ludivine Bantigny est maîtresse de conférences en histoire contemporaine à l'Université de Rouen, chercheuse au Centre d'histoire de Sciences Po, membre de la rédaction de Vingtième Siècle. Elle est une spécialiste renommée et engagée de l'histoire des luttes contemporaines, et notamment de Mai 68. Elle a notamment publié L’Ensauvagement du capital (Seuil Libellé – 2022), 1968, Grands soirs, petits matins (Seuil « Points histoire » – 2020), La France à l’heure du monde, de 1981 à nos jours (Seuil « Points histoire » - 2019).

en partenariat avec Libération