Et si nous guettions l’inhumain en nous ?

« Inhumain » ne se prononce pas à la légère. Dans l’imaginaire collectif, ce mot convoque les images sidérantes que charrient la guerre, la torture, le terrorisme… Mais à y regarder de plus près, est-ce que toutes nos petites compromissions et résignations face à des phénomènes comme l’identitarisme ou le corporatisme ne font pas le lit à des dérives plus grandes qui pourraient nous rendre inhumains ?

La philosophe Marylin Maeso trace un parallèle avec les propos de La Peste d’Albert Camus pour saisir à la racine les rouages de la déshumanisation en jeu dans notre monde contemporain.

Mais cette inhumanité n’est-elle pas quoi qu’on en dise une partie de nous-mêmes ? Nous sommes incapables de la percevoir en-deçà de ses manifestations spectaculaires. Pourtant elle qui nous habite au quotidien sans le moindre soupçon, jusque dans nos discours et nos modes de pensée. Aussi, point de fatalité néanmoins ! Il ne tient qu’à nous d’activer la vigilance de notre attention, de prendre la distance emphatique nécessaire. L’attention de chacun à chaque instant : voilà de quoi animer une révolution personnelle !

Marylin Maeso est normalienne, agrégée et professeure de philosophie. Elle travaille sur l’essentialisme et la philosophie politique contemporaine. Auteure, à L’Observatoire, des Conspirateurs du silence (2018) et des Lents demains qui chantent (2020) et de La Petite fabrique de l’inhumain (2021) elle collabore régulièrement à Lire magazine littéraire et à L’Express.

en partenariat avec Libération