Une exposition chorégraphiée
Fia Backström, Jonah Bokaer, Philipp Egli, Karl Holmqvist, Jennifer Lacey, Roman Ondák, Michael Parsons, Michael Portnoy
exposition / avec Le Clubdes5 (Maeva Cunci, Mickaël Phelippeau, Carole Perdereau, Virginie Thomas)
Commissaire invité : Mathieu Copeland
"Une Exposition Chorégraphiée" est une exposition composée exclusivement de mouvements. Pendant un mois et demi, trois danseurs occupent les espaces vides du Centre d’art et interprètent une chorégraphie de figures et de déplacements, suivant les "partitions" écrites par huit artistes - plasticiens, chorégraphes, musiciens.
Considérant danse, mouvement et temporalité, Une Exposition Chorégraphiée réunit un ensemble de gestes comme autant d'abstractions chorégraphiées dans un espace d'exposition. Pendant un mois et demi, six heures par jour, trois danseurs du collectif Le Clubdes5 occupent les espaces du Centre d’art. Suivant les « partitions » écrites par huit artistes - plasticiens, chorégraphes, musiciens - ils interprètent une chorégraphie de gestes, de figures et de déplacements. En l’absence de décor, d’accessoires ou de musique, les gestes résonnent dans la galerie vide où les danseurs concentrent toute l’attention.
Ce sont les horaires d’ouverture du Centre d’art et la durée de l’exposition qui rythment les pièces et structurent l’exposition. S’enchaînant dans un continuum sans fin, les mouvements deviennent des formes abstraites et flottantes qui se déploient et dérivent dans l’espace et dans le temps. Les pièces fonctionnent comme révélateurs de l’espace tandis que celui-ci détermine en retour les mouvements. Le spectateur et l’interprète partagent un même espace : la proximité troublante avec les danseurs et leurs déplacements souvent imprévisibles, obligent à se mettre soi-même en mouvement, à se repositionner en permanence. L’exposition incorpore les mouvements des spectateurs et la multiplication des points de vue qui en résulte.
Revendiquant sa dimension immatérielle et éphémère dans un monde saturé d'objets, Une Exposition Chorégraphiée ne produit pas de traces. Les pièces n'existent que dans le temps nécessaire à leur interprétation. L’exposition se forme et se déforme alors sous nos yeux. Elle ne se fixe jamais sinon dans la mémoire.
L’œuvre de l’artiste Roman Ondák ouvre et conclut chaque journée d'Une Exposition Chorégraphiée. Les danseurs sont invités à retrousser leurs vêtements de tous les jours avant de les réenfiler à l'envers. Un jeu d'inversion en forme d'anti-performance que ceux-ci effectuent le plus simplement possible, en ignorant leur environnement physique et les spectateurs.
Le chorégraphe Philipp Egli crée une pièce où les danseurs commencent en choisissant au hasard une enveloppe contenant des instructions. La mémoire immédiate de l’exercice à interpréter croise la mémoire collective puisque chaque danseur tente de reproduire la chorégraphie des deux autres telle qu'il s'en souvient.
Le compositeur Michael Parsons réactualise son œuvre fondamentale Walking Piece (pièce marchée) écrite en 1969 pour le Scratch Orchestra (cofondé avec Cornelius Cardew & Howard Skempton), en donnant aux danseurs les partitions réécrites pour un espace d'exposition : comment dessiner des lignes droites en prenant en compte les limites de l'espace physique, générant ainsi une pièce de « musique visuelle ».
Fia Backström et Michael Portnoy s'associent exceptionnellement pour créer une chorégraphie qui évoque le théâtre expérimental des années 1960. La pièce, qui ne pourrait être plus d’actualité, se base sur les évolutions de la bourse et traite des systèmes d'échange : tandis que deux danseurs interprètent des mouvements tribaux en émettant des grognements inintelligibles, un troisième déclame les cours de la bourse mis à jour quotidiennement en décrivant dans l'espace une trajectoire similaire à ces mêmes cours.
Karl Holmqvist compose une polyphonie de voix où les danseurs révèlent les différentes acoustiques du Centre d'art en récitant des arrangements très personnels à partir de fragments de chansons pop, tout en évoluant de manière aléatoire.
Le chorégraphe Jonah Boaker écrit trois mouvements que chacun des danseurs réalisent à différents moments de la journée. Chaque mouvement s'évanouit aussitôt qu'il est apparu. Par le toucher, les danseurs révèlent l’architecture dans laquelle ils se trouvent. Bokaer joue ainsi avec la mémoire des danseurs, mais aussi avec la mémoire du lieu.
La chorégraphe Jennifer Lacey s’inscrit au sein même de la structure de l’exposition pour modeler ses interstices, concevant un système de transitions entre les différentes pièces. Au début de chaque journée, les danseurs sont invités à définir selon un processus aléatoire l’ordre des transitions, qui se traduisent autant par des actions communes que par des moments de repos ou de pause. Ces transitions exploitent ainsi une sorte de « base de données » du danseur, s’affranchissant de tout « désir chorégraphique ». Prenant en considération le temps global de l’exposition, la proposition de Jennifer Lacey contribue à articuler entre elles toutes les pièces, et met ainsi en œuvre la continuité d’une exposition chorégraphiée.
coproduction Kunsthalle St Gallen, Suisse / Centre d'art contemporain de la Ferme du Buisson
sam 8 nov à 14h
vernissage
dim 21 déc à 20h
discussion avec Mathieu Copeland et les interprètes autour d'un verre
téléchargements
infos pratiques
horaires
vendredi, samedi, dimanche
de 14h à 20h
tarifs
2€ TP, 1€ TR, entrée libre (buissonniers, - de 12 ans)