Lorenzo Mattotti

C’est à la fin des années 70 que Lorenzo Mattotti commence à remplir des carnets de dessins reflétant son paysage mental, ses pensées, ses obsessions. Afin de ne pas se perdre et de se construire en tant qu’homme et artiste, il reprenait chaque jour son carnet, consultant le dessin de la veille pour créer le nouveau, tricotant ainsi un fil ininterrompu d’œuvres, liées les unes aux autres. Cette « ligne fragile », il ne l’a jamais coupée et la continue encore aujourd’hui. Ces recherches, ces pensées initialement réalisées à l’encre de Chine, à la plume, se sont peu à peu ouvertes au crayon de couleur, au pinceau, à l’aquarelle, au gré des séries et des thèmes abordés.

L’ensemble des carnets de l’artiste forme comme un livre ouvert sur son âme qui se déploie, un chemin parfois linéaire, souvent sinueux, ouvrant sur un monde parallèle au réel, sur ses fantasmes, ses visions, ses émotions, son monde intérieur. On y découvre une œuvre profondément marquée par les thèmes de la solitude, de la violence et de l’incommunicabilité des êtres contrebalancés par ceux de la joie de vivre, de la musique et de la contemplation du monde et de sa beauté. Un journal intime graphique en quelque sorte.

Ses carnets sont aussi une mine dans laquelle il peut creuser plus profondément un thème, faire de nombreuses variations graphiques sur une idée. C’est également dans cette banque de données intime que l’artiste vient isoler tel ou tel dessin pour le développer dans une œuvre « achevée » aux crayons et pastels, ou à l’acrylique, comme un aboutissement et une mise au net définitive de sa pensée et de ses idées. 

Lorsqu’il trouve un thème fort, il cherche à le décliner dans une infinité de variations, avec tous les outils dont il dispose. Il improvise sur la même base, comme le ferait un instrumentiste virtuose. Si en musique, une variation peut être mélodique, rythmique ou harmonique ; chez Lorenzo Mattotti la variation vient soit de la lumière/couleur, soit de l’outil/matière, soit du sujet/forme.