Nul doute que l’empereur Marc Aurèle eut été à son aise face à la crise du coronavirus et au confinement qui a suivi, lourd de conséquences. L’auteur des Pensées pour moi-même avait en effet le cuir épais et le stoïcisme à toute épreuve. « Rien n’arrive à personne que la nature ne l’ait fait capable de le supporter » professait-il dans ses célèbres aphorismes. Lui qui traversa son règne dans le tourment des guerres contre les barbares et les épreuves intimes, s’est ainsi toujours attaché au souci de son âme sans céder aux passions ; en quête de cette tranquillité de l’esprit, cette paix intérieure que les stoïciens nomment ataraxie. Il disposait pour cela d’un précieux capital de vertus : du courage pour changer ce qui devait être changé, de la patience pour supporter ce qui était impossible à changer et de la sagesse pour distinguer l’un de l’autre.
En ces temps de rupture, d’incertitudes sanitaires, sociales et économiques, ces trois vertus cardinales composent un solide et stimulant programme pour un établissement culturel de grande couronne et d’envergure nationale comme la Ferme du Buisson.
Depuis la mi-mars, les événements se sont imposés à nous. Salles fermées, spectacles annulés à contrecoeur, télétravail et réduction d’activité ont composé pour quelques semaines un nouveau paysage, accidenté et inattendu, traversé par des secousses qu’il a fallu appréhender au mieux, faute de les maîtriser. Stoïciens, par nécessité autant que par raison, nous avons alors construit cette saison en épousant les contraintes du moment.
Vous retrouverez donc, dans cette brochure, certaines des propositions artistiques mises à l’arrêt au printemps dernier pour cause de coronavirus, mais que nous nous réjouissons aujourd’hui d’accueillir enfin.
Entre les pages, vous y devinerez sûrement aussi notre envie de nous projeter très vite dans ce qui constitue l’ADN de nos missions de service public : l’accompagnement des projets artistiques et leur mise en lien avec le territoire et ses habitants. Avec une ambition renouvelée cependant : faire de la Ferme du Buisson un bien commun qui se construit avec tous et dont tous peuvent jouir. Un endroit où l’on prend du plaisir en somme… où raison et sensations s’essaient à la cohabitation, où Marc Aurèle retrouve enfin Épicure.
Vaste programme pour une saison que nous souhaitons douce, alerte et joyeuse.