Et si le Covid-19 accouchait de la décroissance ?

Après une crise sans précédent qui touche tous les aspects de la vie humaine, sommes-nous aujourd'hui capable de changer? Le politologue et essayiste Paul Ariès, un des intellectuels de référence du courant de la décroissance et de l'écologie politique, se penche sur la question.

L'épidémie du Covid-19 est à la fois une crise sanitaire, économique, sociale, politique, anthropologique, écologique. Elle est le rappel de la fragilité indépassable de l'humanité face aux tenants d'un monde sans limite dopé au fantasme de toute-puissance. Elle est aussi le symptôme malheureux d'une autre fragilité, celle-ci construite par de mauvais choix politiques responsables de la globalisation, de la casse des systèmes de santé, de la perte des priorités sociales.

Cette crise systémique nous oblige à repenser la hiérarchie des fonctions et donc des métiers : nous avons davantage besoin de soignants, d'éboueurs, d'enseignants, de postiers, d'agriculteurs que de traders, de VRP, de publicitaires ou de dieux du stade.

Pour que « le jour d’après » ne soit pas qu’une formule creuse, pour que demain ne soit pas pire qu’hier, il est urgent d’affirmer que la décroissance peut être une réponse à la récession économique (et au serrage de ceintures généralisé ?) qui s’annonce(nt). Serons-nous capables de changer de paradigme, de désirer de nouveaux « jours heureux » ?

en partenariat avec Libération