Et si féminisme et genre se confrontaient ?

Au début des années 1980, le concept de genre fut proposé à la recherche dans les milieux alors restreints de l’histoire du féminisme et de la sociologie des rapports de sexe. Il s’agit désormais de prendre de la distance face à un concept neuf et révolutionnaire. Non pas pour être pour, ou contre : il en va plutôt d’une position en éveil qui veut questionner avant de résoudre, examiner avant d’affirmer…

Cette mise à distance reprend ce que le mot « genre » tout autant que le mot « sexe » indiquent, à savoir les deux enjeux de l’émancipation des femmes, l’égalité des sexes et la liberté sexuelle. Car ces deux enjeux ne se maîtrisent pas aisément. Alors, plutôt que de vouloir réguler les savoirs et les pratiques, on peut simplement reconnaître que cette question s’inscrit dans la temporalité, celle de la « sexuation du monde », temporalité ouverte à l’écriture de l’Histoire. 

Geneviève Fraisse est philosophe de la pensée féministe, directrice de recherche émérite au CNRS. Elle travaille sur l’épistémologie politique du féminisme, suivant trois axes : généalogie de la démocratie, concepts de l’émancipation citoyenne et artistique et problématisation de l’objet sexe/genre. Elle a notamment publié : Muse de la raison, démocratie exclusive et différence des sexes (1989, 2017), A côté du genre, sexe et philosophie de l’égalité (2010, 2022), Du Consentement (2007, 2017),  La Suite de l’Histoire, actrices, créatrices (2019), Féminisme et philosophie (2020).

Cette « Question qui fâche » fait écho au spectacle Derrière le hublot se cache parfois du linge des Filles de Simone, une tentative théâtrale pleine humour qui tente de secouer le cocotier du couple hétéronormé.