Emily Mast

S’inscrivant dans un héritage artistique allant de Guy de Cointet à Jacques Tati en passant par Mike Kelley ou Simone Forti, Emily Mast développe un usage singulier du casting, de l’objet scénique, de l’action et du texte, ses performances et ses installations éphémères mettent en scène avec humour corps en mouvement et langage non verbal, et font de l’incertitude un matériel artistique à la fois sculptural et live. Son travail participe de l’élaboration d’un univers de signes à déchiffrer et d’une déconstruction des conventions régissant les modes de communication. Il interroge sans relâche la manière dont le langage se construit et se détériore, et la production collective du sens que viennent nourrir l’altérité et les malentendus.

Pour cette première exposition personnelle hors des États Unis, Emily Mast aborde de manière « théâtrale » les espaces singuliers du Centre d'art contemporain de la Ferme du Buisson, comme s'il s'agissait de saisir l'essence même de la mécanique du lieu pour mieux la dérégler en introduisant du vivant. Elle propose une procession à travers les salles d'exposition, guidée par des bandes sons, des projections vidéo et des jeux de lumière, par le récit d’un enfant et des médiatrices dans le rôle de vigies activant certaines œuvres. Orchestrée comme une partition à la fois rétrospective et inédite, « Missing Missing » articule autour d'un « refrain », de dessins et de films récents, d'éléments scéniques à manipuler et de vestiges d'une performance in situ. L’univers de l’artiste s’y trouve démultiplié comme dans un jeu de miroir : le visiteur circule dans un paysage de formes colorées, de gestes énigmatiques et de mots indéchiffrables sous lesquels couve une inquiétante étrangeté.

Emily Mast travaille au croisement des arts visuels et du spectacle vivant. Son invitation à la Ferme du Buisson arrive à un moment charnière où Mast s'interroge sur une « adaptation » de son travail de performance pour l'espace muséal, ouvrant des pistes pour questionner et redéfinir l'idée même d'exposition. Alors que ses propositions récentes pour le Hammer Museum ou le LACMA à Los Angeles comportaient encore une dimension performative importante, « Missing Missing » constitue pour l'artiste l'occasion de faire un pas de plus dans l'art de « jouer avec des choses mortes »​. Pour mieux leur donner vie.

avec le soutien du Conseil Régional d'Île-de-France, du Mona Bismarck American Center  et de l'École nationale supérieure des beaux-arts de Paris et en partenariat avec MaRS Los Angeles et le Musée d'art moderne de la Ville de Paris